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J’observe le soleil se lever, mais rechigne à m’extraire du duvet pour avoir une vue dégagée.

Une fois l'astre bien sorti de sa cachette nocturne, j’imagine qu’il a sorti Émeline de son lit et vais voir où elle en est. Madame est encore allongée dans son duvet, en train de bouquiner un magazine, avec une vue fort charmante et une tasse de flocons d’avoine, la belle vie ! Club Med sauvage version montagne.

Elle n'est pas à plaindre la comparse<br>
Elle n'est pas à plaindre la comparse

Je plie mon camp, petit-déjeune aussi, et nous décollons. Je fais quelques photos, passe à la table d’orientation, puis rejoint la piste, ainsi qu’Émeline 3/4h plus tard. Des touffes de poil noir ponctuent le tracé, nous intriguant. Nous observons la flore, papotons peinture, croisons un gars qui sort de son hamac. En arrivant à l’abri “Habert des Ramées”, Émeline fait une rapide inspection curieuse et semble réveiller les occupants à l’étage. Oups, sortie sur la pointe des pieds.

À une bifurcation, elle me dit qu’elle préfère opter pour la variante basse, histoire de passer par un point d’eau et des toilettes, quant à moi je continue en direction du belvédère du vide. Entre la piste et un petit chemin balisé étroit, qui s’enfonce entre les arbres, je choisis le deuxième. C’est sans regret car charmant à souhait. La flore régale, et le sentier jonché de roches ondule fortement.

Je me fige lorsqu’un bruit m’alerte d’une créature qui fuit à travers la végétation basse. Je suis le mouvement des plantes qui bougent, distinguant une tâche rousse. Un peu de patience et prudemment un écureuil s’extirpe. Un moment plus tard, rassuré, il se remet en balade, à découvert, sautant sur de grosses branches au sol, traversant et empruntant le sentier quelques mètres devant moi. C’est cadeau !

Le genre de vue qui régale la rétine avec douceur<br>
Le genre de vue qui régale la rétine avec douceur

Je continue, guilleret, grimpe et atteint le belvédère du vide, qui porte bien son nom puisqu’il s’agit d'une courte passerelle en partie suspendue, offrant un panorama sur toute la vallée et les massifs alpins.

Une petite suée plus tard, déroulant le pas sur une piste maintenant plate, je reconnais plus loin, interloqué, la silhouette d’Émeline. Comment est-ce possible ? J’ai pris un chemin sinueux, observé une belle bête, et pendant ce temps elle serait déjà descendue et remontée ? En réalité elle a changé d’avis très rapidement, pour emprunter elle aussi la voie haute, mais en optant pour la piste elle m’a doublé. En plus de ça, elle a trouvé un belle hache courte typée bushcraft, qu’elle trimbalera un moment jusqu’à la laisser à une cabane.

Pour limiter le dénivelé nous empruntons des chemins noirs, rocheux, un peu de déniv’ pour descendre et à peine plus de 200m de D+ pour monter au pic Saint-Michel, mais le tout en plein cagnard avec un vent bien froid. Avec le recul, ce fût clairement la partie la moins agréable de cette petite aventure. Le pic lui-même me laisse froid comme l’air, la vue n’apporte pas grand-chose à côté de celle du Moucherotte, quitté plus tôt.

Binôme en approche du pic St-Michel<br>
Binôme en approche du pic St-Michel

Nous ne nous attardons pas, redescendons trouver un spot pour pique-niquer plus bas. La descente est assez longue, très rocheuse, avec beaucoup de marches un peu hautes et casse-genoux. Nous y croisons une foule grandissante, faisant le chemin inverse.

Émeline dégote la source de Font Froide, dont le débit est faible mais suffisant. Plus loin en bord de chemin nous pique-niquons, les grosses fourmis noires concèdent difficilement un bout de terrain et mordent régulièrement. Nous ne traînons pas plus que ça et continuons en direction du refuge des Clots/de Roybon.

Le sentier est en balcon, son dénivelé et les passages ombragés le rendent agréable. Alors que nous papotons, je détourne le regard au bon moment pour découvrir un large vautour qui passe proche, nous laissant bouche bée.

À la source nous rencontrons un sympathique trio : Pierre, Greg, et Sam, sur le même itinéraire que nous, qu’ils ont entamé le matin même. Nous discutons un moment tout en filtrant, et nous appliquons à retenir leurs prénoms, nous attendant à les recroiser les jours suivants. Il n’en sera rien.

En repartant nous inspectons la cabane, simple et spacieuse, puis parcourons les derniers kilomètres jusqu’à l’abri de la Fauge.

Je laisse Émeline en chemin faire un brin de toilette dans un maigre cours d’eau. Autour de la cabane je m’installe sur un banc posé à côté d’un gros foyer, fais moi aussi ma toilette. La cadre est idyllique, vert, au bord d’une prairie où poussent des reines des prés, le tout entouré d’arbres, de forêt, avec une vue sur les grandes parois des Rochers du Ranc des Agnelons.

Un mélange de campagne, de montagne, saupoudré de lumière chaude.<br>
Un mélange de campagne, de montagne, saupoudré de lumière chaude.

Papotage, dîner à 18h pour Émeline, quant à moi je résiste et tente de manger plus tard pour ne pas me décaler. Des petites averses se jouent de moi, me faisant sans cesse rentrer et sortir, croyant chaque fois être tranquille. Ça a au moins le mérite d’amuser d’Émeline, qui se fout de moi.

Les toilettes sèches installées à 20m de la cabane sont fort appréciables. Mini-balade le soir, dans l’espoir de mieux voir les nuages, sans succès. Nous nous couchons à l’étage, dans la mezzanine basse et chaude.

31 097 pas / 23,6 km (tracé 18,6 km, soit un écart surprenant avec le compteur de pas, sans doute dû au dénivelé) / 765m D+ / 1 310m D-