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7 juillet

Je décolle tôt espérant faire la partie ascension avant la grosse chaleur. En repartant, je trouve le réservoir d'eau non loin. Le volume que je porte déjà, associé aux infos trouvées sur la carte interactive du site hps.hr, m’incitent à ne pas perdre de temps et à aller de l'avant.

Je regagne les vastes prairies, qui progressivement s'étendent de plus en plus. Une perdrix s'envole brutalement à mon passage, ses petits s'éparpillent en toutes directions comme un feu d'artifice. La terre est presque rouge, les arbres épars, des chevaux sont en liberté, une cloche autour du cou.

Les plaines lovées entre le relief avant d'atteindre Paklenica
Les plaines lovées entre le relief avant d'atteindre Paklenica

Veliko rujno est un minuscule hameau où le temps semble arrêté, j’y croise un ou deux utilitaires aux conducteurs cordiaux avant d'atteindre une petite église en bel état, valorisée par la divine lumière matinale. De nombreux bancs sont disposés à l'extérieur, c'est bucolique. Comme sur la porte des refuges, des autocollants d'associations/clubs divers sont collés sur les vitres de l'église. Je garde le meilleur pour la fin puisqu'à gauche se trouve un énorme réservoir d'eau froide, et quelques poubelles à emballages qui me permettent de trier mes déchets. Je filtre et bois tout mon soûl, garde le reste pour me rincer le corps et me rafraîchir cinq minutes plus loin.

Quittant la plaine, je monte à travers les bois sur une pente raisonnable, où poussent de réjouissants amas d'épilobes. Pas après pas, jour après jour, il y a peu de repères nets et précis comme notre société nous y a habitué, mais voilà qu’à l’instant, je me trouve face à un panneau signalant l’entrée dans le parc national Paklenica.

Je me rafraîchis rapidement la nuque à la source Strazbenica et attaque la partie raide qui mène au refuge Struge. Il fait déjà très chaud, heureusement l'ombre est fréquente et le chemin n’est pas trop exigeant. Au col, le vent souffle et fait onduler les hautes herbes de façon captivante. J'atteins le refuge en même temps que deux autres personnes, et en profite pour emprunter leur stylo afin d'ajouter moi aussi une entrée au carnet.

Je ne suis jamais au bout de mes surprises avec la flore.
Je ne suis jamais au bout de mes surprises avec la flore.

Quinze minutes plus tard, je trouve la réserve d'eau Marasovac, abondante et fraîche. J'en puise généreusement cinq litres et m'installe dans le premier bosquet trouvé. J'utilise l'excédent pour faire une toilette rapide et bienfaisante. De nouveau en route, je grimpe et grimpe, un peu péniblement, et le vent prend de l'ampleur sûrement, en même temps que le ciel grise. Il me faut m'asseoir une ou deux fois tellement les bourrasques ont du coffre, et je me remémore les propos du secouriste Ris rencontré au refuge Rossijevo : 'Seriously, when the wind starts to blow, find a shelter.'

Le refuge Struge est déjà un peu loin derrière et j’ai la flemme de me retaper le dénivelé. Brave ou stupide ? La limite est souvent très fine, je m'en fais la réflexion une fois de plus. Aujourd'hui je pense être du côté stupide de la force quand je décide de poursuivre. A Vaganski vrh (1757m) les puissantes rafales font que je m'attarde très peu malgré le panorama dégagé, et continue le chemin qui ondule sur les hauteurs de ce parc naturel national. Je suis surpris d'y rencontrer des panneaux avertissant de la présence de mines, mais savoure le chemin relativement facile et régulièrement abrité du vent.

J'avale les sept kilomètres restants en me laissant peu impressionner par le décor. La vue des montagnes dans cette zone est moins dépaysante quand on vient de passer quelques semaines dans les Alpes. Las, les pieds et genoux douloureux, le vent toujours présent, j'évince le détour vers Sveto brdo et atteins le refuge Vlaski grad. Ce dernier a été refait pendant plusieurs années et vient tout juste d'être terminé ! Il est très propre, solide, très spacieux, offre une vue sublime sur le parc dont il est possible de profiter même par mauvais temps au sec derrière la large baie vitrée.

J'y glandouille avec délectation, seul, lave un peu de linge, passe la soirée à m'abasourdir devant le paysage. La vision plongeante sur la vallée est exceptionnelle. La nuit vient accompagnée de l'orage, celui-ci illumine constamment les nuages en différents points au loin. À l'heure où je me couche il s’est approché, les grondements et la violence des vents me font me sentir bien reconnaissant de dormir en cet abri luxueux.

Belle nature, montagne et mines font un cocktail des plus inhabituel.
Belle nature, montagne et mines font un cocktail des plus inhabituel.
La vue depuis la terrasse du refuge, alors que l'orage arrive.
La vue depuis la terrasse du refuge, alors que l'orage arrive.

Merci pour le refuge de dingue qui m'abrite ce soir !

22km +1360m -765m