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29 juin

La nuit est plus chaude et bruyante qu’en tente, je ne dors pas bien, je survole. Au lever, tout le monde s'installe sur une grande table dehors pour déjeuner de ses provisions en partageant un moment convivial. On m'y fait une place et je réponds à la curiosité de Sandra, la tablée semble écouter avec attention. Leur anglais est excellent et Sandra se débrouille même en français !

Manquant de réserves appétissantes, j'espère faire quelques courses à la petite ville en bord de mer, 1300 mètres de dénivelé plus bas… Elle me dit qu'ils y iront avant midi et peuvent m'emmener. J'accepte la proposition et me retrouve ainsi avec toute la matinée devant moi, alors je laisse le sac à dos au refuge et pars vers deux sommets cinq kilomètres à l'est, Veliki Golić et Goljak.

Les carnets de passage s'embellissent parfois des signes du temps.
Les carnets de passage s'embellissent parfois des signes du temps.

Au retour je tombe sur la même famille et Sandra s'exclame "The frenchman is here ! It’s destiny." Elle me propose de me joindre à eux pour un tour au Zečjak, en passant par Kita et en terminant au refuge Alan, et je comprends qu'ils tentent tout pour convaincre Josip de venir. Elle me demande même de tenter ma chance, ce que je m'applique à faire en anglais, à renfort de quelques vidéos et photos, mais sans plus de succès.

Nous partons à quatre, Alan, Maura, moi-même, et leur chien adorable, un vieux berger allemand gourmand qui prend tout le monde pour son troupeau, c'est comique de le voir faire des allers-retours quasi continus pour rassembler les gens. Belle surprise, nous sommes finalement rejoints par Sandra et Josip, et terminons ensemble étalés à côté du cairn culminant sur le Zečjak.

Nous avons eu le temps de faire connaissance et sympathiser. Sandra est investie dans la culture locale et Alan encadre des groupes de touristes dans les parcs naturels. Nous partageons un intérêt évident pour la nature, les plantes comestibles. Profitant du réseau sur le sommet je réalise que l'épicerie sur la côte sera fermée cette après-midi...

Nous redescendons tranquillement, nous prêtant à quelques mises en scène dans la bora qui décoiffe et fait claquer les vêtements. Lorsque nous rejoignons la route nous tombons sur un vieux fermier, assis, il est occupé à rembobiner une pelote de fil qui visiblement est tombée de son quad et s'est déroulée sur des kilomètres. Instantanément Alan et Sandra commencent à démêler les nœuds. J'essaie également d'aider mais je suis envoyé en mission avec Maura au refuge pour commander les plats. A défaut de m’avoir emmené en ville, ils m’offrent le repas et des provisions !

La belle rencontre du jour
La belle rencontre du jour

Finalement, je renfile mon sac à dos vers 15h30, et continue sur la Via Dinarica en direction du refuge Ogradenica qui se trouve 12 kilomètres plus loin. Le soleil tape alors que je découvre le flanc côté mer des montagnes. C'est très lumineux et très aride, et pourtant tellement fleuri et bourré de papillons ! J'en suis ahuri. S'ajoute au spectacle cette perdrix bartavelle qui s'envole à quelques mètres de moi, trop lentement pour m'empêcher de profiter du spectacle.

La caillasse use de nouveau les pieds, je commence à me dire que j’aurais dû prendre une paire de chaussures plus robuste, aux semelles plus épaisses. Je tiens bon jusqu'au refuge. La vue d’un réservoir collectant l'eau de pluie me rassure et je commence à filtrer quelques litres. Situé près d’une ruine, le refuge en lui-même est minuscule, sommaire, et la vue inversement proportionnelle… J'y passe la soirée, seul, dînant face au soleil couchant sur la mer, l’impression d’être au milieu de "rien". Je trouve cette expression ridicule. Il y a “tout” ici, à commencer par la variété de fleurs, d'insectes, et de paysages plus stimulants les uns que les autres.

Le refuge Ogradenica est une simple boite en métal, avec vue sur mer et toute la quiétude du Monde.
Le refuge Ogradenica est une simple boite en métal, avec vue sur mer et toute la quiétude du Monde.

Merci mes généreux soutiens, notamment la famille Damjanić Babac pour les sympathiques moments partagés.

25,5km +930m -845m